La der des der

Thongmixay : dernière mission sur le terrain pour nous, dernières rencontres avec les cornacs, derniers éléphants … On les a quittés depuis  3 jours et ça y est, ils nous manquent déjà ces beaux mastodontes. Une page se tourne…une très belle page. 

 

Nous retiendrons de Thongmixay, un petit district très joli, coupé du reste du monde, à la frontière avec la Thaïlande, avec des villages très ordonnées et propres, séparés entre eux par des routes en latérites et des rizières. 

Mais nous retiendrons aussi…un beau fiasco ! Nous avons atteint les limites de l’organisation bordélique des missions…et ce n’est pas peu dire ! On est passé pas loin de l’échec à de nombreuses reprises. Mais on est là depuis trop longtemps maintenant pour que cela nous atteigne vraiment…et au final, cela nous a fait beaucoup rire ! 

 

Pour illustrer tout cela, cette semaine nous a permis d’apprendre deux expressions en lao, à savoir : « c’est le bordel » : "Manioumania" et « garder son sang froid » : "pen tchay hien hien".

Par où commencer ?

Peut être par un policier qui a débarqué le soir de notre arrivée pour nous déloger…En effet, nous avions été invité par un cornac de l’ECC qui vient de Thongmixay à dormir chez lui pendant la mission. Le problème c’est que dormir chez l’habitant est interdit au Laos… (C’est beau la liberté …).

Il a fallu peu de temps pour qu’un policier nous repère et vienne nous demander poliment mais fermement de dormir en guesthouse (« pour notre sécurité » qu’il a dit ce brave monsieur…) après avoir noté nos noms et nos numéros de passeport dans son beau cahier aux couleurs du parti. 

 

Le lendemain, nous avons du nous présenter dans le bureau du chef du district (alias grand schtroumpf) pour lui montrer que nous n'allions pas voler de bébés éléphants, lui expliquer qui nous étions, où nous allions être exactement et précisément tout au long de la semaine, et pour quoi faire. 

Le surlendemain, on nous a expliqué que si on n’était pas accompagné par des policiers, nous n’avions pas le droit de continuer la mission. Qu’à cela ne tienne, nous avons été suivi par 2 policiers en permanence jusqu’à la fin ! Des braves gens qui étaient tout contents de se divertir un peu et de sortir de leur caserne. Ils ont de plus profité de notre présence pour apprendre des mots d’anglais très utiles dans la vie de tous les jours d'un policier (aiguille, injection, enjoliveur, levier de vitesse, épaulette…). 

 

 

A cela s’ajoute le mec du district en charge des éléphants qui avait préparé la mission comme on prépare un partiel de législation : à l'arrache. Le premier jour, les propriétaires d’éléphants n’étaient même pas au courant que nous débarquions. Le lundi, nous avons donc vu 1 éléphant au lieu des 9 prévus. Du coup, nous avons prélevé beaucoup moins d’éléphants pour notre étude sur la tuberculose que ce que nous espérions.

Sans oublier qu’un jour, la route a été coupée devant nous par des travaux, nous immobilisant dans un endroit sans réseau pour téléphoner et sans éléphant…

 

Le Laos dans toute sa splendeur !

Nous l’avons déjà dit, Thongmixay est un endroit très paumé…Mais vraiment très TRES paumé. Le seul endroit où nous pouvions nous restaurer était un boui-boui désordonné et puant où l’on vendait de tout et n’importe quoi : viande grillée, poisson avarié, brosse à dents, habits, tournevis… Ils vendaient des œufs mais ils ne pouvaient pas nous faire une omelette, ils vendaient des sachets de café en poudre mais ils n’avaient pas d’eau chaude pour les boire…Tout ça pour dire que la semaine a été assez dure d’un point de vue gastronomique : soupe de nouilles le matin, soupe de nouilles le midi et soupe de nouilles le soir.

Mais le meilleur de tout ça se situait caché entre les pattes des éléphantes…

Thongmixay est le district idéal pour se remettre un peu de baume au cœur car c’est là bas que l’on recense quasiment toutes les naissances pachydermiques au Laos. Ainsi, pour 18 éléphants, ce n’est pas moins de 6 bébés éléphanteaux, entre 4 mois et 2 ans, que nous avons eu le privilège de voir. 

Oui je sais Claire, j'ai toujours la même chemise...moi aussi, ça commence à me dépiter...

 

En 2011, 6 naissances ont eu lieu (pour 16 décès…) au Laos et 5 de ces naissances viennent de Thongmixay. 

 

Comment cela se fait ? Thongmixay se situe à la porte d’une zone naturelle protégée contenant des éléphants sauvages. Lorsque les femelles domestiquées sont en chaleur et qu'elles ne travaillent pas, elles sont laissées dans la forêt…pour le plus grand plaisir du mâle sauvage qui traine par là. Et BAM ! Un bébé éléphanteau en plus ! 

 

Le grand souci concernant la reproduction c’est de trouver un mâle reproducteur. Soit ils travaillent trop dur et n’ont pas le temps de se reproduire ou soit les nombreux propriétaires n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les termes du contrat de saillie (en effet dans un grand nombre de cas, plusieurs propriétaires se partagent un seul éléphant. Mais ça vous le saviez déjà non ?). 

 

 

A Thongmixay, la présence de mâle sauvage est donc une vraie aubaine. Le seul problème, c’est que d’après ce que nous racontent les cornacs, il y a de fortes chances que ce soit toujours le même mâle qui s’emploie à réhausser le taux de fécondité… 80 % des bébés de 2011 auraient donc le même père. Pas top pour la diversité génétique...

 

Néanmoins, merci à lui de nous avoir redonné un peu d’espoir et de nous avoir fait ce si joli cadeau de départ. 

Retour en voiture à Vientiane avec une jolie panne à 40 km de la capitale pour finir comme il faut. Mais maintenant, on ait qu'un Lao, ça peut tenir sous un capot...

Concernant la photo mystère du dernier post. Cette marmite immonde est une spécialité du pays : le Padek ! Le Padek est une espèce de saumure de poisson d’eau douce qui exhale pour certains une odeur agréable (les Lao en majorité) ou bien pour les autres une odeur organique fermentée pas très agréable (et c’est vraiment le moins que l’on puisse dire…). Il en résulte une sauce qui est un ingrédient de base (sic…) pour certains plats laotiens. Le nuoc mam que l’on trouve en France, en comparaison, c’est du sirop de grenadine.

 

Ce qui est très étrange (et très très déroutant aussi), c’est qu’à un certain stade de la préparation, l’odeur qui émane du padek ressemble assez précisément à celle….de la raclette… Il faudra m’expliquer pourquoi…

Petite photo mystère pour la route : qu'est ce que c'est ? Et je ne veux aider personne ni donner d'indice mais y'en a certains qui ont intérêt à trouver quand même.... 

Ciao la compagnie ! (On essaye de vous poster un autre article très très bientôt (petits veinards))