dimanche 26 février 2012

Que d'éléphants, que d'éléphants...




 
 Nous voilà enfin ressortis du Festival des éléphants qui a eu lieu du 17 au 19 février à Sayaboury. Sayaboury, très modeste ville du Laos, transformée pour l’occasion en capitale des éléphants…
 
150 000 visiteurs d’après les organisateurs, et le même nombre d’après la police, puisqu’ici, d’une part, ils sont moins habitués que nous aux manifs, et d’autre part, on ne contredit jamais la parole du gouverneur. 

La semaine a été longue et intense pour tout le monde ici, entre les soins, les préparatifs, l’organisation et le festival, on n’a pas eu bien le temps de souffler !
 
Les éléphants, convergeant de tous les districts aux alentours, ont commencé à arriver à Sayaboury le lundi précédent le festival. Très joli moment que de voir débarquer dans la cour d’une école primaire, une caravane d’éléphants qui arrivent tout droit de 3 à 4 jours de marche pour certains…


 
Aussitôt nos amis à trompes arrivés à destination, nous avons entamés une visite de contrôle de tous les éléphants qui venaient au Festival. C’est-à-dire 65 éléphants à voir en 4 jours…

 
De la bobologie de base sur des petites bêtes de 3 à 4 tonnes réalisée dans la cour d’une école réquisitionnée pour servir de logement de fonction à tous ces messieurs les cornacs (à noter quand même la présence de la seule femme-cornac du pays).

Sachant qu’il y a au Laos à peu près 450 éléphants domestiqués, en avoir 65 sous la main était une sacrée opportunité… que nous avons saisie ! Nous avons ainsi profité de ces visites pour prélever tous les éléphants (enfin presque tous) afin de les inclure dans notre étude sur la tuberculose. 
Pour 50 prises de sang d’éléphants, ce n’est pas moins de 100 cornacs qu’il a aussi fallu emmener à l’hôpital pour leur faire un examen médical, une radio de poumons, et les faire cracher dans les petits pots…
 
L’hôpital de Sayaboury n’a plus de secret pour nous. Et le radiologue devait nous maudire un peu plus tous les jours en nous voyant débarquer notre lot de cornacs quotidien… 


Pour l’occasion, toute l’équipe était au complet, Vatsana, Tongsavath, Bertrand, Nicola, nous deux, ainsi que Mylène, une stagiaire québecquoise qui est venue pour l’étude, et nos médecins au nombre de 3 cette fois-ci.

 

Le vendredi, la famille Bret est arrivée au grand complet pour le début du Festival. Rien que 8 personnes pour nous rendre visite et pour célébrer avec tout le monde les éléphants! 
Dans leurs valises chargées de victuailles (ô combien précieuse à notre survie au pays du riz) ils avaient juste oublié d’emporter un peu de froid…Ici, chaque journée semble un peu plus chaude que la veille et cela nous inquiète un peu concernant la suite de notre séjour…Jusqu’où les températures vont-elles monter ? Mais bon, on ne voudrait pas trop se plaindre sur notre sort, on a cru comprendre que tout le monde en bavaient aussi avec les températures par chez vous !
 

Une procession des 65 éléphants pour rejoindre le site du festival, après une cérémonie d’ouverture haute en couleurs, avec des démonstrations et un défilé représentant les différentes ethnies du pays.
 

Et c’est qui qui a eu le privilège de monter sur les éléphants au cours de cette procession ?… Miss éléphant bien sur ! Oui oui, il y a même un concours de beauté au festival de l’éléphant ! Mais ne vous fiez pas au titre, je doute qu’une seule de ces miss pèsent plus de 55 kg… 
 
Jérôme a aussi pu faire sa miss et se balader sur son éléphant, puisque le dimanche, une deuxième procession a eu lieu, sans cérémonie d’ouverture et sans beaucoup de public.


Les éléphants ont pu profiter d’une cérémonie de baci rien qu’à eux. Et gare à celui qui me demande ce que c’est car cela fait déjà la troisième fois qu’on vous en parle ! Le baci étant vraiment quelque chose de très populaire au Laos.





Des petits spectacles ont été réalisés pendant tout le festival sur le thème de… l’éléphant (étonnant non ?), par une troupe d’artistes français venus pour l’occasion. Ils ont fait passer des messages forts par leurs mimes et ont fait sensation, auprès des enfants mais aussi auprès des cornacs.

 

En avant première, laissez nous vous présenter le pachyderme ayant reçu le titre très convoité d’éléphant de l’année. L’élection n’était pas du tout truquée et le vote était très objectif. Bien sûr, que le propriétaire de cet éléphant soit un ami du gouverneur est une pure coïncidence… Soit dit en passant, c’est quand même un très beau mâle !

Bref une semaine très chargée en trompes qui nous à ravi les yeux et nous a aussi bien fatigués.
 
Après tout ça, Adeline a accompagné la famille en balade à Hongsa, toute petite ville au nord de Sayaboury avant de raccompagner tout le monde à Vientiane. Pendant ce temps Jérôme a rejoint le Centre de conservation afin de s’occuper de nos 2 premiers patients de l’hôpital !! Mais on vous reparlera de tout ça dans le prochain post, où on vous montrera où on a la chance de se trouver jusqu’à notre départ…

dimanche 5 février 2012

Mission tuberculosis


Comme en lisant ce blog, on croirait qu’on n’est là un peu que pour le tourisme, on va vous parler un peu de la mission dont on vient de rentrer. 

C’est un sujet très cher à Adeline, mais pour qu’elle arrive à se détacher un peu de sa tuberculose qu’elle ne lâche plus, je la laisse vider des abcès et c’est moi qui vais vous parler de tout ça !
















En dehors des missions vétérinaires de routine qu’on a faites début janvier dans plusieurs districts du pays, nous avons commencé la semaine dernière, une étude sur la Tuberculose, chez les éléphants et leurs cornacs.
 
Comme certains le savent, la Tuberculose humaine, est due à une bactérie pour laquelle les éléphants sont aussi sensibles… Et malheureusement, les transmissions homme – éléphant et éléphant – homme sont possibles.
Sauf que pour l’instant, il n’existe aucun chiffre au Laos sur la tuberculose chez les éléphants, et très peu chez l’homme… 










 
Comme les liens sont relativement étroits entre les cornacs et leur ami à 4 pattes, l’idée a donc été de tester les éléphants, et en parallèle leur cornac et/ou propriétaire, pour éventuellement savoir si cette population est plus à risque que la moyenne lao qui est déjà bien élevée. Pour faire imagé : statistiquement, si vous prenez 8 fois le bus au Laos, vous avez au moins une personne qui vous aura craché au nez un peu de sa tuberculose !... 

On fait donc cette étude en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour la Médecine Tropicale qui s’occupe un peu plus de la partie humaine.


Nous voilà donc partis, avec nos petits bras musclés, sur les routes bucoliques et poussiéreuses du pays, pour tester environ 80 pachydermes, et normalement à peu près 150 cornacs ou propriétaires d’éléphants sur 3 mois.








 
Pour la partie éléphant, le test est « plutôt » facile, puisqu’il se fait à partir d’une « simple » prise de sang… Certains me diront, « c’est gros un éléphant », « les veines doivent bien être aussi grosses !».  
 

Et bien c’est vrai, mais c’est pas toujours très simple, mais rassurez vous, à la fin de cette première semaine, on commence à être au point ! 













mais des moyens de contention plus ou moins musclés sont parfois nécessaires ! pour celui là, une machette bien aiguisée de chaque côté ont suffit à le tenir...

Ensuite on devait centrifuger et identifier tous nos tubes de sérum et les stocker « au frais »… là encore on a fait comme on a pu, à la lao...
 
Dans le labo de l’hôpital...mais parfois aussi dans notre chambre d’hôtel.










Et pour nous aider un peu, Bertrand, le véto qui était là avant nous pendant 3 ans nous a rejoints de France pour quelques semaines.

Pour ce qui est de la partie humaine, on est aidé par Xia, un médecin, étudiante à l’IFMT, qui examine tous les cornacs,










 



et récupère tous les petits pots de crachat pour les mettre en culture. 
Mais la logistique n’était pas la même… Et c’est là qu’on n’était pas trop optimistes. Il est vrai que la logistique, l’organisation et l’anticipation ne sont pas des mots très courants au Laos… Et c'est rien de le dire.
Il fallait dans un premier temps convaincre les cornacs de faire un aller retour à l’hôpital du district, à 2 heures de routes de chez eux, pour un examen médical et une radio de thorax… 

puis les ramener chez eux dans les villages. Tout ça dans notre unité mobile, transformée pour l'occasion en transport en commun...


On a donc de temps en temps dû dormir chez les cornacs où les propriétaires, ce qui avait l’avantage d’être plutôt sympathique.
 
Une petite douche à la lao, dehors au milieu du village...

Le lendemain matin, un petit crachat dans un petit pot, et nous voilà repartis !

Au final, pour cette première semaine « test » qui était pleine d’incertitudes laotiennes, tout s’est plutôt bien passé. On a réussi à prélever 18 éléphants sur 20 et transporter presque 30 cornacs à l’hôpital ! On s’est par contre rendu compte, que certains cornacs ne savaient pas pourquoi ils étaient venus à l’hôpital… Cela peut paraître bizarre mais en fait, certains ont suivi le groupe sans trop savoir où ils allaient ou peut être aussi parce qu’on leur payait à manger à midi… 


 



on a donc un peu notre communication sur la tuberculose à améliorer pour la prochaine fois, car certains n'ont apparemment pas dû tout comprendre... Certains cornacs ont lu et signé le protocole sans même descendre de leur éléphant.




 




Mais le gros de l’étude se passera dans la semaine du festival de l’éléphant dans 15 jours, où on attend normalement une soixantaine d’éléphants. On part donc mardi pour Sayaboury, en vue de préparer tout ça et préparer le Festival avec toute l’équipe.




On ne manquera pas de vous faire partager le festival qui s’annonce chargé pour nous, mais haut en couleur, et surtout en éléphants !
















Pour finir deux petites photos, pour vous montrer qu'au Laos même si on n’a pas beaucoup de moyens, et bien on fait avec !
Et que si on est trop petit pour toucher au but, on se débrouille autrement...
 
Et oui, c'est bien comme ça qu'on prend la température ici !


Profitez bien de la neige, des tartiflettes et des fondues, et du blanc qui va avec... des bronzés qui font du ski comme tous les ans, des crêpes de la chandeleur, et des descentes sur les pentes toutes blanches, bandes de veinards! Enfin bon, on se plaint pas trop, ici il recommence à faire bien chaud, on est doucement en train de remonter au dessus des 30°C, on a rangé les polaires et remis le ventilateur en route...