Assez parler de nous ! Attardons nous un instant sur les éléphants et sur les bipèdes qui les accompagnent… J’ai nommé le cornac. Une page culturelle n’a jamais fait de mal à personne !
(Oui je sais...tout le monde n'a pas la chance d'avoir eu un appareil dentaire...)
Le cornac…Personne venue d’une autre époque qui a décidé de consacrer sa vie à son éléphant. Mouais…enfin ça c’est la théorie…
Depuis 3 mois que nous sommes au Laos, nous avons déjà rencontré pas loin d’une centaine de cornacs. Certains nous donnent envie de tout plaquer et de devenir cornac à notre tour, d’autres nous donnent envie de leur foutre une bonne baffe…Bref, on peut résumer en disant qu’il y a des bons cornacs, et des mauvais cornacs !
Commençons par le commencement. En matière de cornacs, il existe plusieurs cas de figures.
Tout d’abord, cas le plus simple et le plus traditionnel, l’éléphant à un seul cornac qui est lui-même le propriétaire de l’éléphant.
Néanmoins, dans la plupart des cas, l’éléphant est partagé entre plusieurs propriétaires et un ou plusieurs cornacs sont employés pour s’occuper de l’éléphant. Mais le cornac principal de l’éléphant peut aussi être un des propriétaires.
Un éléphant rencontré il y a quelques jours au cours de ma mission n’avait pas moins de 15 propriétaires. Et là, quand il y a une décision à prendre, c’est pas évident…
Il n’existe pas d’école pour cornac au Laos : l’apprentissage est familial. Les cornacs sont généralement fils ou petits fils de cornacs et apprennent dès leur plus jeune âge en suivant leurs pères.
Aujourd’hui, ces traditions sont en train de se perdre, les cornacs souhaitant de moins en moins que leurs enfants suivent leur voie. Cette perte du savoir se traduit par un nombre de troubles dues aux cornacs (abcès, plaies…) en augmentation mais aussi par un nombre croissant de cornacs tués par leurs éléphants insuffisamment maîtrisés.
En moyenne, un éléphant aura aujourd’hui 3 cornacs dans sa vie.
Les éléphants vivent en semi-liberté, c’est à dire qu’en dehors des périodes de travail, ils
vivent dans leur milieu naturel, la forêt. Les éléphants sont les seuls animaux pouvant retourner à l’état sauvage sans aucuns problèmes même après avoir été domestiqué pendant de nombreuses années.
Etre cornac, c’est avoir un éléphant pour maison…
Les cornacs sont amenés fréquemment à changer de district pour travailler et doivent alors installer un campement de fortune sur leur lieu de travail où ils resteront durant toute la période ouvrable.
Et quand on dit campement de fortune, ça veut vraiment dire ce que ça veut dire… Robinson Crusoé peut aller se rhabiller…
Mais que fait donc ce cornac ?
Le cornac maitrise son éléphant via plusieurs points de pression et via un crochet. Point de pression indispensable : l’oreille !
Et oui, on peut maitriser un animal de 4 tonnes en lui tirant l’oreille….
Etre cornac, c’est aussi avoir un éléphant pour fauteuil…
Mode avachi
A l’envers
En mode playboy
Et des fois...bah c’est trop fatiguant d’être cornacs !
Les éléphanteaux sont dressés dès l’âge du sevrage, soit 3 ou 4 ans, âge où ils mesurent environ un mètre. Autrefois, il s’agissait en majorité d’éléphanteaux sauvages que l’on devait habituer à l’homme tout en les dressant. Aujourd’hui, le dressage s’effectue exclusivement sur des éléphanteaux nés captifs.
Désolé de détruire tout vos rêves de Babar mais le début du dressage est marqué par de la violence envers l’éléphanteau afin de le terroriser. Le dressage est une période traumatisante pour l’éléphanteau qui en ressort docile et soumis. La relation éléphant-cornac n’est donc pas simplement un mélange de peur et d’amour…Il y a aussi une part incontestable de conditionnement…
Autrefois, le cornac subissait les mêmes traitements que ceux subis par l’éléphant qui lui étaient confié. A savoir, il dormait dans une cage de bambou à coté de celle ou dormait l’éléphant. Et comme ça, les esprits de la forêt n’étaient pas froissés. Aussi simple que ça !
Des cérémonies de purification et de libération des esprits de la forêt présents chez l’éléphanteau se déroulent régulièrement durant toute la période de dressage.
Durant toute cette période seul son futur cornac lui procure des soins et lui apporte sa nourriture afin que l’éléphanteau voie en lui une aide.
En fin de dressage, il sera capable de reconnaître son cornac, de craindre les effets du crochet, d’être enchaîné et déchaîné, de transporter un poids et de se coucher.
Durant les premières années de sa vie, un éléphanteau n’a pas de prénom (pour que les esprits ne puissent pas lui faire de mal). Une cérémonie lui permet, à l’âge de 3 ans, de choisir son prénom. En effet, plusieurs prénoms sont écrits sur des papiers disposés sur des bambous et le premier bambou vers lequel l’éléphant va se diriger (et donc le premier papier) va déterminer son prénom.
Vous avez maintenant les bases ! Désormais, peut être que vous allez regarder d’un autre œil les photos de ce blog...
Bref, pour finir sur une réflexion amère : l’éléphant au Laos n’est pas seulement un animal sacré…il est aussi sacrément exploité…
Sinon, tout va bien pour nous ! Nos 2 missions respectives se sont dans l'ensemble très bien passé (malgré quelques couacs organisationnelles contre lesquels on ne peut pas lutter au Laos...) . Pour ma part, dans un district où on est restés 2 jours, les cornacs et propriétaires nous ont organisé un baci en notre honneur (cf articles « 32 âmes »).
J’en suis sortie gonflée à bloc, tous les bons esprits sont avec moi désormais, j’ai récupéré toutes mes âmes, j’ai mangé du poulet sacré (en évitant très joliment le cœur du poulet qu’on a voulu me faire avaler), on m’a aspergé d’eau, on m’a noué une trentaine de bracelets de coton autour de chaque poignets en me souhaitant des choses qui avaient l’air très belle (oui je dis « avaient l’air » car j’ai pas bien tout compris…), on a donné à mangé aux esprits pour qu’ils nous embêtent pas, tous les mauvais esprits sont partis très loin…Et il me faudra plus d’une vie pour oublier ce moment !
Enfin en ce qui concerne la photo mystère, pas de gagnant pour aujourd’hui…Mais Popol n’est pas bien loin avec ses Catherinettes ! Les personnes présentes sur la photo sont des Hmongs (une des tribus du nord du Laos qui existe aussi dans d’autres pays d’Asie) en costume traditionnel Hmongs ET célibataires (du moins ils l’étaient au moment de la photo) ! Le jeu en question se déroule au cours du nouvel an Hmong et consiste à se trouver un partenaire de sexe opposé et à lui lancer une balle de tennis…pendant très longtemps…Et il faut que la personne en face se rende compte de l’intérêt que vous lui portiez…Car le but ultime est bien sûr de se trouver un futur mari ou une future femme !
Quelques heures plus tard... Voilà le résultat !
Bref, à tous ceux qui iront à la prochaine boum en salle Henri Point…n’oubliez pas votre balle de tennis !
A bientôt !
Très sympa ce petit post mais je dois avouer que je ne sais pas si on doit être impressionné ou choqué... Les animaux sont tous traités de la même façon, quelque soit le pays ! Heureusement il y a des bons cornacs :)
RépondreSupprimerPS : Vous serez au taquet pour les baci maintenant ? Pas de soucis pour chasser nos mauvais esprits à votre retour alors ? :D
J'attends les nouveaux épisodes des aventures de Guérome et Ade plus que les nouveaux épisodes de Grey Anatomy. et c'est pas peu dire!!!! Vous nous envoyez à chaque fois un peu de rêves (bon ok le massacre des éléphanteaux ca ne me fait pas trop rêver ;)
RépondreSupprimerMerci pour votre petit messages de la semaine dernière.
Gros bisous
Sno et son bougon ;)
Merci pour ce long message qui nous apprend plein de choses...et qui donne envie de partager vos découvertes.
RépondreSupprimerPar contre, je me pose une question: comment allez-vous supporter les pachydermes français à votre retour?
Le Laos lui semble avoir gardé son triple A
Amabilité
Accueil
Authenticité
Bisous glacés
Très bon commentaire, c'est vrai que l'on ne sait pas grand chose sur "l'exploitation des éléphants", on sait simplement qu'ils remplacent les bulldozers dans la forets pour charger les arbres mais quand à leur dressage.....
RépondreSupprimerMerci de nous faire partager votre vie de tous les jours
Gros bisous
Mémé
Super intéressant. J'ai actuellement 2 spécimens de pachyderm soufrant de plaies chronique dans mon service mais je ne suis pas sûr qu'elles soient due à des mauvais soins procurés par un cornac. Il faudra que vous me donniez quelques remèdes Lao pour leur traitement, peut être que ça marcherait même si l'espèce Marseillaise est un peu différente. Sinon ici tout va bien. On pense à vous souvent. A bientôt.
RépondreSupprimermerci pour ce petit cours, et la, je comprends mieux , pourquoi, ils ont l'air triste ces bons gros et pourquoi il me soufflait dans la tete chaque fois que je m'accrochais a son oreille.
RépondreSupprimerC’est vrai que "mener un éléphant par le bout du nez",ça semble compliqué...
allez en route pour la suite,
bisous, (pas glacés, mais brumeux..., on fait ce qu'on peut)
Ade, tu es peut être sortie gonflée à bloc après ton baci, je ne sais pas si on t a aspergé d'eau , mais ce que tu tiens dans la main, ce n'est pas du sauterne !! peut être de la beerlao ??
RépondreSupprimermerci pour ce cours très intéressant. Nous, on a rencontré des gentils cornacs. D'ailleurs, j'ai reconnu celui en mode play boy !
vivement le prochain épisode.
bisous
sophie
Encore une très belle petite page culturelle, vous vivez vraiment une expérience extraordinaire!!! Merci de nous la faire partager, on déconnecte au moins un moment quand on vous lit!
RépondreSupprimerGros bisous à tous les 2!
Aurélie
Ade tu es resplendissante sur les photos. Merci pour toutes ces explications. Je ne pense pas que je serai cornac dans une autre vie, ni éléphant d'ailleurs!
RépondreSupprimerAllez vous parvenir à vous "réacclimater" à votre retour?
Ici il neige et j'attends Marielle pour un peu de couture pour préparer son voyage.
J'attends aussi ou je redoute le moment où j'irai voir Julie dans de lointaines contrées.
Si elle est aussi pantouflarde (pardon Julie) que ses ainés je peux dormir tranquille...Mais qui sait. En tout cas bises à vous deux et bonne continuation!